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Les personnalités historiques

Les personnalités historiques

Jacques Aymar (1657-1707), Le « sourcier-devin » de Saint-Vérand

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Photo « La maison de Jacques Aymar au début des années 1940 »


Jacques Aymar est le seul Saint-Vérannais à qui l’histoire ait donné une renommée internationale. Plusieurs ouvrages et articles de langue anglaise lui consacrent de nombreuses pages. Jacques Aymar, c’est « l’homme à la baguette », le symbole même de la radiesthésie. Né à Saint Vérand le 23 septembre 1657, Jacques Aymar, sourcier dauphinois, se fait connaître dans la région de Grenoble par ses pouvoirs divinatoires. Le 5 mars 1692, un marchand de vin de Lyon et sa femme sont assassinés dans leur cave. L’enquête piétine. Un voisin suggère alors de recourir au sourcier dauphinois. Grâce à sa baguette, celui-ci découvre l’assassin qui avoue avant d’être rompu vif. Cet exploit impressionne la population lyonnaise et, du jour au lendemain, Aymar devient célèbre.

Cependant, à une époque où la science rationnelle progresse même si le savoir populaire reste nourri par le mystère et le merveilleux, les pouvoirs du sourcier sont bientôt contestés. Le prince de Condé l’appelle à Paris et le fait soumettre à une série d’épreuves. Rien n’est fait pour lui faciliter la tâche. Loin de son environnement habituel et de sa pratique concrète, Jacques Aymar est confronté à des situations qui ressemblent plus à des pièges qu’à des vérifications scientifiques. Mis en échec, il rentre en Dauphiné où il poursuit ses activités dans une relative discrétion. Son nom réapparaît pendant la guerre des Cévennes : selon certains auteurs il aurait, en septembre 1703, participé avec sa baguette à la chasse aux Camisards. A l’analyse, ce fait semble très discutable.

Jacques Aymar meurt à Saint-Vérand en simple paysan le 7 décembre 1707. Rien dans les archives n’indique qu’au village il ait de son vivant marqué les esprits. Cependant, il occupe indiscutablement une place importante dans l’histoire nationale et internationale de la radiesthésie. Sourcier-devin exceptionnel pour les uns, illusionniste pour les autres, il reste aujourd’hui encore incontournable lorsqu’on évoque l’art de manier la baguette.

Le baptême, le mariage et la sépulture de Jacques Aymar sont enregistrés dans les Registres Paroissiaux de Saint-Vérand. Sa maison natale figure sur le cadastre napoléonien de 1830 accompagnée du nom « Eymard ». Restaurée et modernisée, elle est aujourd’hui encore visible au hameau « Les Sables ».

Rédigé par Michel Jolland - Association Saint Vérand Hier et Aujourd'hui

Jean-Baptiste Boissieux Perrin, Le remuant curé de Quincivet (1784-1792)

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Photo « Le 10 janvier 1790, Jean-Baptiste Boissieux-Perrin déclare contribuer aux besoins de l’État pour la somme de 40 livres (Saint-Vérand, dons patriotiques 1790, archives municipales) »


Intrépide, ne craignant ni sa hiérarchie ni les pouvoirs quels qu’ils soient, prompt à réagir lorsqu’il sent peser sur lui le poids de ce qu’il considère comme une injustice, Jean-Baptiste Boissieux Perrin, curé de Quincivet de à 1784 à 1792 est entré dans l’histoire avec une lettre de doléances adressée à Necker, ministre des Finances de Louis XVI.

Jean-Baptiste Boissieux Perrin est d’abord vicaire à Varacieux avant d’être nommé à Quincivet, paroisse particulièrement pauvre. Le 28 décembre 1788, il écrit au ministre Necker pour lui faire connaître la difficile situation des curés de campagne et de leurs paroissiens. Dénonçant les restrictions de droits sur l’usage des forêts communales imposées aux habitants de la région, il termine sa lettre avec cette phrase hardie : « Il serait temps que ces infortunés secouassent enfin le joug de l’oppression sous lequel ils vivent depuis si longtemps ! ». Dans une société d’Ordres (Noblesse, Clergé, Tiers-État) où la religion a pour but d’assurer le salut des âmes confiées au curé par son évêque, mais aussi de maintenir chacun à sa place, cette déclaration a des accents révolutionnaires.

Contrairement à la règle, l’église de Quincivet ne dispose pas de logement pour son desservant. En 1790, las d’attendre une solution longtemps promise et jamais concrétisée, le turbulent curé Boissieux-Perrin s’oppose vertement à la Municipalité de la nouvelle commune de Saint-Vérand. L’affaire se terminera devant la justice du District de Saint-Marcellin. Le 31 janvier 1791, il prête le serment de la Constitution civile du Clergé, engagement décisif qu’il renouvellera le 9 octobre 1792 avec le serment Liberté-Égalité. La paroisse de Quincivet disparait des archives en 1792, Jean-Baptiste Boissieux Perrin devient curé de Varacieux. Il est toujours aussi indépendant et indocile. Le 19 janvier 1793, les administrateurs du District de Saint-Marcellin lui rappellent sèchement qu’il doit cesser de se substituer à l’officier d’état-civil et s’abstenir impérativement, dans ses prônes, de mentionner les promesses de mariages.

Dans un contexte de tensions prérévolutionnaires, le curé Boissieux Perrin, forte personnalité aux convictions bien établies, volontiers frondeur quand il estime être dans son bon droit, a été projeté dans l’Histoire par sa célèbre lettre à Necker, aujourd’hui conservée aux Archives Nationales. Il rejoint ainsi dans la mémoire collective les nombreux prêtres desservants qui, militant en faveur d’une meilleure justice sociale, se sont avec courage et générosité engagés auprès de leurs paroissiens les plus pauvres.

Rédigé par Michel Jolland - Association Saint Vérand Hier et Aujourd'hui

Paul BERRET (1861-1943), Commentateur de Victor Hugo et chantre du Dauphiné

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Photo « Paul Berret à Paris, vers 1900 »


Même s’il n’y est pas né, Paul Berret est à jamais lié à Saint-Vérand. Il en a parcouru les chemins, il a participé à la vie du village, il y a été inhumé. Amoureux et chantre du Dauphiné, province dont il a avec talent écrit l’histoire et les légendes, commentateur reconnu de l’œuvre de Victor Hugo, poète et auteur de pièces de théâtre, Paul Berret a également réalisé, à Saint-Vérand et alentour, de touchantes photographies.

Issu d’une famille de gens de robe - juges, avocats, huissiers, avoués -, établie à Saint-Marcellin depuis le 18e siècle Paul Berret naît le 12 avril 1861 à Paris où son père exerce la profession d’agent d’assurances. Son grand-père, Félicien Berret, avoué, nommé Maire adjoint de Saint-Marcellin le 17 mai 1845 par Louis-Philippe, est une figure locale bien connue. La famille Berret possède une demeure à Saint-Vérand.

Paul Berret étudie au Lycée Louis-le-Grand puis à La Sorbonne. Professeur agrégé et docteur ès lettres, il enseigne la rhétorique dans plusieurs établissements dont les prestigieux lycées Faidherbe de Lille, Hoche de Versailles et Louis-le-Grand de Paris. Parallèlement à sa brillante carrière d’enseignant, Paul Berret sera connu comme chercheur universitaire, écrivain, poète, journaliste, conférencier. Ce sont surtout ses travaux sur Victor Hugo, solidement documentés et brillamment rédigés, et ses récits dauphinois mêlant avec élégance connaissances historiques et fiction poétique, qui lui vaudront une notoriété nationale.

Paul Berret passe toutes ses vacances dans la maison familiale de Saint-Vérand. Dès la fin des années 1890, il s’adonne à l’art naissant de la photographie. Il ne cessera d’accumuler les images des paysages dauphinois qu’il aime et des scènes de la vie locale, agricole en particulier, ainsi que de ses proches, ses voisins, tous ceux qu’il côtoie dans la vie quotidienne.

Intellectuel engagé dans les débats de son temps, Paul Berret prononce le 24 septembre 1905 à Saint-Vérand le discours solennel qui couronne la cérémonie très républicaine de l’inauguration de la Mairie et des Écoles publiques nouvellement construites. Avec le charisme, l’érudition, la hauteur de vue et l’art de bien dire qui sont sa signature, il présente ce jour-là un vibrant plaidoyer en faveur de l’école laïque. Sa parole, à la fois forte et sereine, n’est pas celle d’un partisan dogmatique, c’est celle d’une autorité morale qui se veut gardienne de l’intérêt supérieur du pays. Orateur apprécié, Paul Berret prononcera d’autres discours mémorables, notamment à l’occasion de la distribution des prix au collège de Saint-Marcellin.

Lorsqu’il prend sa retraite, il quitte Paris pour s’installer définitivement dans sa maison familiale de Saint-Vérand où, travailleur infatigable, il poursuit ses travaux littéraires jusqu’à ses derniers jours. Au soir de sa vie, malade et pratiquement invalide, il se rapprochera de la pratique religieuse et en 1937-38 il publiera dans le bulletin paroissial du village une série d’articles intitulée « Essai sur les églises de Saint-Véran et Quincivet ».

Paul Berret meurt à Saint-Vérand le 4 septembre 1943 à l’âge de 82 ans. Il est inhumé dans le cimetière du village, « ce village dauphinois qu'il aimait, face au panorama grandiose des montagnes du Vercors » dira un court article nécrologique dans le journal du lendemain. Il laisse une importante œuvre littéraire et quelques belles photographies. Une salle communale porte son nom et une plaque d’hommage à sa mémoire a été apposée contre le mur du cimetière.

Rédigé par Michel Jolland - Association Saint Vérand Hier et Aujourd'hui