L’actuelle église de Saint-Vérand a été élevée en 1836-1837 à l’emplacement même de celle qui la précédait. Sous l’Ancien Régime, les terres de St Véran (orthographe d’époque) et de Quincivet qui, depuis la Révolution, forment l’actuelle commune de Saint-Vérand possédaient chacune leur église paroissiale. La première mention de Sancto Verano apparaît dans un acte enregistré à la Chambre des comptes du Dauphiné en 1299. La dénomination laisse supposer la présence à cette époque et en ce lieu d’un édifice religieux dédié au saint Patron. On peut en déduire que la première église de St Véran existait au 13e siècle. Elle était entourée de son cimetière où, aux 17e et 18e siècles notamment, se tenaient les assemblées de la communauté à l’issue de la messe dominicale. Dans les années 1830, le bâtiment est en fort mauvais état et s’avère trop petit, tout comme le cimetière attenant. Décision est donc prise d’agrandir l’église et de déplacer le cimetière. Les autorités municipales prennent en charge l’implantation du nouveau cimetière mais elles refusent de financer les travaux de l’église.
La construction du nouveau bâtiment commence le 5 mai 1836 grâce aux garanties financières offertes par Madame de Quinson, propriétaire du château qui porte alors son nom, aujourd’hui appelé « château de la Gaucherie », et par M. Robert du Faz, président de la fabrique, organisme paroissial chargé de veiller à la gestion des biens et revenus destinés au bon fonctionnement du culte. En 1837, Louis Rey, curé de Saint-Vérand, lance une souscription pour permettre l’achèvement des travaux. C’est dans le château de madame Marie-Anne de Quinson que Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, signe le 8 octobre 1839 l’ordonnance consacrant solennellement l’église en ces termes : « L'édifice, qui a été restauré et considérablement agrandi par les dons généreux des habitants, a été conservé sous le vocable de l'ancien Patron, St Véran, Evêque de Cavaillon ».
Au 19e et au 20e siècles plusieurs aménagements successifs, dont l’exhaussement du clocher, donnent à l’édifice sa physionomie actuelle. De style néo-classique, l’architecture générale est assez sobre même si l’on note une certaine recherche dans le fronton triangulaire percé d’un large oculus. Le clocher abrite trois cloches. La plus petite, coulée en 1606, aurait été apportée de l’église de Quincivet à la fin du 18e siècle, la moyenne date de 1817 et a pour marraine Marie-Anne de Quinson, la plus grosse, offerte par les Chartreux, a été installée en 1861.
Les façades et le clocher ont été restaurés il y a quelques années, l’intérieur a été récemment repeint.
Le chœur est orné de cinq copies réalisées au 19e siècle d’après des tableaux de maîtres. En position centrale la plus imposante, représentant La Cène de Léonard de Vinci, a été restaurée en 2018. Les quatre autres copies, réalisées d’après la Madone Sixtine de Raphaël, la Descente de Croix de Da Volterra, l’Adoration des Bergers de Mengs, la grande Sainte Famille de Raphaël, ont fait l’objet de travaux de conservation préventive en 2020. La « Madone Sixtine » de Saint-Vérand est en soi une curiosité : le copiste a hardiment remplacé par un évêque le pape honorant la Vierge ! L’église possède en outre un Chemin de croix peint de grande qualité.
Contre le mur extérieur nord, sous une pierre tombale entourée d’une barrière de fer, repose selon sa volonté, Madame Marie-Anne de Quinson, née Bocon de la Merlière, bienfaitrice de l’église.
Rédigé par Michel Jolland - Association Saint Vérand Hier et Aujourd'hui
On trouvera des informations sur les tableaux dans « Les Cinq Merveilles de l’église de Saint-Vérand (Isère) », publication de l’association Saint-Vérand Hier et Aujourd’hui (janvier 2020) et sur le site http://www.masdubarret.com/